soutenir la créationet le développement d’entreprises via les plateformes d’initiative locale.
Que faire d’une trésorerie disponible, ou au moins d’une partie de celle-ci, lorsqu’on est un organisme au service des entreprises et de leur développement comme l’est la Chambre de
commerce et d’industrie de Strasbourg et du Bas-Rhin ?
On peut en organiser le retour vers l’économie locale en soutenant financièrement la création, le développement ou la transmission.
Cela paraît tout simple, mais c’est plus audacieux qu’il n’y paraît. Et la CCI 67, que préside
un chef d’entreprise en activité, Jean-Luc Heimburger, est, semble-t-il, une des toutes premières en France à avoir franchi le pas sous cette forme. « Nous apportons un carburant supplémentaire aux plateformes d’initiative locale » « Cela fait quatre ans que nous réfléchissons à ce projet. Nous avons débuté sous la précédente mandature. Il a fallu se battre car cette idée n’était pas dans la culture de la CCI », fait observer Christian Geissmann, trésorier de la CCI 67. Mais, portée avec son complice Bertrand Angsthelm, l’idée jugée de prime abord baroque par certains a fini par s’imposer. Et c’est en février dernier qu’un fonds de financement sous forme associative a été créé, doté d’un million
d’euros. Son premier président est Bertrand Angsthelm, trésorier adjoint de la CCI.
« L’assemblée de la CCI avait validé à l’unanimité ce projet en novembre 2013. Nous avions
quelques excédents et nous avons accepté le principe d’en réinjecter une partie dans l’économie du département », se souvient Christian Geissmann. Il reconnaît qu’aujourd’hui
l’idée est mieux acceptée. Elle suscite même l’intérêt de nombreuses chambres en France,
mais aussi dans le Haut-Rhin : « Je communique les statuts et le règlement intérieur de notre
fonds à toutes les CCI françaises si elles me le demandent », sourit Christian Geissmann.
Le nouveau fonds n’interviendra pas directement dans les entreprises et n’instruira pas de
dossiers. Les apports financiers seront mis à disposition des cinq plateformes d’initiative locale du Bas-Rhin, selon leurs besoins prévisionnels. Ainsi ces structures locales et leurs présidents respectifs sont directement impliqués : Francis Klein à Saverne, Christian Stauth à Haguenau Alsace du Nord, Jean-Louis Gillet pour Bruche-Mossig-Piémont, Jean-Louis Créma
pour Sélestat Centre-Alsace et naturellement Guy Tonnelier pour l’agglomération de Strasbourg. Ces associations sont membres du réseau Initiative France que préside Louis
Schweitzer, 230 plateformes bien ancrées dans leurs territoires. Les cinq actives dans le Bas-
Rhin soutiennent créateurs et repreneurs au rythme d’une trentaine de dossiers par an en
moyenne par plateforme. « Les plateformes sont les portes d’entrée du système et elles
ont tout de suite compris l’intérêt de notre initiative. Nous leur laissons carte blanche pour la
gestion, nous leur faisons totalement confiance. En quelque sorte, nous leur apportons un carburant supplémentaire. Nous n’avons pas de frais, pas de guichet. C’est un fonds qui doit se régénérer, au fil des remboursements, avec un minimumde dépenses de fonctionnement», explique Bertrand Angsthelm.
Le principe des prêts d’honneur est exactement celui que pratiquent les plateformes, c’est-à-dire des crédits sans intérêt et sans exigence de garantie, avec un différé de remboursement. La participation du fonds CCI permettra d’augmenter l’apport
aux dossiers qui en ont le plus besoin, et d’améliorer leur crédibilité vis-à-vis des banquiers
pour compléter leu financement. Concrètement, lorsqu’une plateforme a instruit et agréé un dossier de sollicitation de prêt, elle adresse une demande à la CCI qui libère les fonds sous quinze jours. En ce début d’été, 135 000 euros avaient été distribués pour neuf dossiers. Pour l’essentiel, ce sont des activités traditionnelles dumarché local,mais aussi un projet de reprise industriel relativement important : « Nous ne sommes pas là pour concurrencer qui que ce soit mais pour apporter un complément», précise Christian Geissmann.
Si elle a longuement réfléchi avant de s’engager sur ce projet, la CCI a toute légitimité pour le faire. Elle connaît en effet très bien les problématiques de création d’entreprise. Ses services aident notamment chaque année des milliers de candidats entrepreneurs, les conseille, les forme et les accompagne selon leurs besoins. Quiconque a assisté
un jour à l’une de ces séances de formation a vite compris l’utilité de ce travail opiniâtre et
discret. Le nouveau fonds sera, lui aussi, plutôt discret mais
tout aussi utile.
ANTOINE LATHAM